Cours du porc : les esprits s’échauffent

17 février 2020 - Elisa Taurin

Face à une cotation française qui ne décolle pas et creuse l’écart avec ses voisines européennes, certains acteurs de la filière tirent la sonnette d’alarme et appellent à la mobilisation générale afin de sortir de l’ornière.

Semaine 7 : 21 centimes d’écart entre les cotations allemande et française, en faveur des producteurs allemands (1,84 vs 1,632 € / kg carcasse prix payé éleveur). De plus, le cours du porc a progressé de 6 centimes en Allemagne par rapport à la semaine précédente, alors qu’il est resté quasiment stable en France (+0,1 centime), ce dernier s’éloignant toujours plus des autres cotations européennes.

Une situation qui commence à agacer à l’étage de la production. Le jeudi 13 février, le marché du porc breton mettait les pieds dans le plat : « Si les grèves des dockers ont pu expliquer le décalage de fin 2019, la situation actuelle appelle plusieurs questions comme la capacité et la volonté de la filière porcine française à s'organiser pour exporter comme ses voisins européens, et ainsi faire bénéficier aux éleveurs Français de l'impact positif lié à la forte demande asiatique de viande de porc ». Une interpellation relayée le lendemain par le comité régional porcin (CRP) Bretagne qui invitait « les acteurs économiques, de l’amont et de l’aval, à faire tout simplement leur métier » et livrait ses suggestions.

" Aux abatteurs de s'organiser et de se tourner résolument vers le marché international " , CRP Bretagne

« Le CRP [n.d.l.r : Bretagne] demande :
-    Aux abatteurs de s’organiser et de se tourner résolument vers le marché international pour inscrire le prix du porc français dans la dynamique européenne. Le cours danois, très élevé, démontre à lui seul qu’il est possible de créer de la valeur ajoutée lorsqu’il y a une volonté concrète de faire du commerce à l’international.
-    Aux organisations de producteurs
[n.d.l.r : OP] de ne pas se laisser entraîner par la spirale baissière d’un aval connecté à la grande distribution et désireux de faire pression sur les prix en cette période de négociation annuelle des tarifs. Le commerce suppose respect mutuel. Les OP doivent amplifier leurs actions commerciales par la recherche de nouveaux débouchés et accélérer la mise en place de l’AOP [n.d.l.r : association d’organisations de producteurs] pour gagner en pouvoir de marché. »

D’ailleurs, concernant les négociations commerciales dans la grande distribution qui doivent s’achever le 1er mars prochain, Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, ont réuni pour la troisième fois le mercredi 12 février les représentants des producteurs, des transformateurs et des distributeurs dans le cadre d’un comité de suivi de celles-ci. Leur objectif : rappeler que ces négociations devront concrètement illustrer les engagements pris lors des Etats Généraux de l’Alimentation et les avancées inscrites dans la loi « EGALIM » du 30 octobre 2018. Grâce aux bilans dressés par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), ils ont semble-t-il constaté que les négociations commerciales se déroulent dans un climat plus apaisé que les années précédentes et que dans certains secteurs tels que le lait, le porc et la viande bovine, des évolutions positives sont engagées. Ils disent toutefois rester vigilants sur les contreparties apportées par les distributeurs.

"Au-delà des annonces c'est bien la réalité du prix final payé aux producteurs qui importe", FNSEA et JA

La FNSEA et les JA, pour leur part, se disent « particulièrement méfiants face à des négociations commerciales qui se déroulent apparemment dans un climat plus apaisé mais dont les résultats semblent loin d’être acquis tout comme le retour de la valeur dans les cours de ferme ! […] Certains industriels ont joué le jeu des engagements transparents pour l’amont et certains accords signés récemment montrent la volonté des signataires d’atteindre l’indicateur de coût de production dans le prix payé aux producteurs. Nous abordons néanmoins ces accords avec discernement, car au-delà des annonces c’est bien la réalité du prix final payé aux producteurs qui importe. »

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