Origine des produits : entre mobilisation, concertation et déception... du chemin reste à parcourir

21 octobre 2019 - Claire Walbecque

Les syndicats militent pour que la mention de l’origine des produits alimentaires soit rendue obligatoire. Le gouvernement semble également avancer vers plus de transparence. Pourtant, une étude publiée par le ministère de l’Agriculture a montré que, pour le consommateur, l’origine ne pèse pas si lourd que ça dans la balance…

Dans le cadre de leurs actions syndicales, les réseaux FNSEA et JA organisent durant tout l’automne une campagne d’étiquetage dans les enseignes de la grande distribution. Leur revendication ? Exiger un étiquetage précis et lisible sur l’ensemble des produits frais comme transformés pour permettre au consommateur de faire son choix en toute connaissance de cause. « Encore trop d’origines floues ou trompeuses figurent sur les produits que nous consommons au quotidien. C’est pourquoi le consommateur doit être alerté et nous lui donnons les moyens de dire clairement quels produits il veut au quotidien », pouvait-on lire dans un communiqué du 16 octobre.
Dans les rayons des grandes surfaces, les réseaux FNSEA et JA ont dès à présent commencé à « sticker » les produits dont l’origine leur parait incertaine. Ils invitent d’ailleurs les consommateurs à mener l’enquête à leurs côtés, dans l’objectif que le gouvernement et l’Europe mettent en place une obligation d’étiquetage du pays d’origine sur tous les produits. Cela ne semble pas encore au programme, mais le gouvernement vient récemment d’annoncer un projet allant, en partie, dans ce sens...

Source: Twitter - Alpes1 - 17/10/2019

Soutenue par la FNSEA et les JA, une campagne d’étiquetage sur l'origine des produits a été menée dans une grande surface de Gap le mercredi 16 octobre dernier.

Un projet de décret pour renforcer l’information des consommateurs

En effet, Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, ont publié un communiqué de presse le 15 octobre dernier pour annoncer qu’une concertation était lancée sur un projet de décret visant à rendre obligatoire l'étiquetage de l'origine de la viande servie dans la restauration hors foyer (restaurants, cantines, etc.), afin de renforcer l’information disponible pour les consommateurs. Il était d’ailleurs précisé que « si l’information sur l’origine des viandes est d’ores et déjà délivrée aux consommateurs dans les grandes surfaces et les boucheries, seule celle sur l’origine de la viande bovine est obligatoire dans la restauration hors foyer. La réglementation existante sera ainsi étendue aux viandes porcines, ovines et de volaille ». Ce projet de décret est soumis à la concertation entre les filières agricoles concernées, les professionnels de la restauration et les associations de consommateurs. Il sera ensuite notifié à la Commission européenne, puis transmis au Conseil d’État. Sous réserve de la validation du texte par ces différentes instances, l'obligation pourrait entrer en vigueur au 1er avril 2020.

La CR soutient le Gouvernement, mais...

La Coordination Rurale, qui souhaite la mise en place de la traçabilité intégrale sur l’ensemble des denrées alimentaires, a salué cette initiative. D’ailleurs, le syndicat attend également du gouvernement qu'il applique l’article 44 issu des EGA, censé mettre fin aux importations de denrées qui ne sont pas aux normes européennes. « En effet, la seule information ne suffit pas quand on ne garantit pas la qualité des importations », explique le syndicat. Avant de préciser : « il faut cependant être conscient de la portée limitée de cette obligation au regard de l'omniprésence de la viande bovine d'importation étiquetée « origine UE » en restauration collective, sans précision du pays, plus compétitive par distorsion de concurrence au sein de l'espace communautaire ».

Le prix, plus fort que l’origine ?

Source: Adobe Stock

Par ailleurs, la conclusion d’une étude visant à évaluer l’expérimentation française d’étiquetage des produits vendus en France contenant plus de 50% de lait ou 8% de viandes, publiée le 14 octobre par le ministère de l’Agriculture, apporte un voile d’ombre supplémentaire au débat. En effet, cette étude indique que l’étiquetage de l’origine du lait et des viandes utilisés en tant qu’ingrédients a eu peu d’impact sur le consommateur, tant sur son comportement que sur le prix. « Si la mention de l’origine est largement souhaitée, son impact sur les comportements d’achat semble toutefois globalement limité », indiquent les auteurs de l’étude. Alors, le prix avant tout ?

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