Le groupe Cristal a présenté, au Space 2022, son concept de « bien-être animal augmenté ». Il consiste à développer des outils performants et innovants sur des critères de santé et de bien-être pour aller au-delà du principe des Cinq libertés (voir ci-contre). L’enjeu est de réduire le stress de l’animal et les risques d’agressivité sans recourir aux antibiotiques.
Le vétérinaire Dominique Marchand a réalisé une série de tests sur des porcelets pour mettre en évidence le lien entre sociabilisation des animaux et bons résultats en élevage.

Reproduire le comportement naturel des porcs

Dominique Marchand, vétérinaire

En 2018, un essai a été réalisé chez un éleveur désirant remédier à un problème d’arthrite en post-sevrage. Pour le spécialiste, « tout se joue entre 0 et 6 semaines de vie ». Dans cet élevage en 5 bandes, 1 200 porcelets sont sevrés le même jour, à 21 jours. «Les lésions étaient liées à des bagarres », précise Dominique Marchand. En reproduisant le comportement naturel des porcelets – ouverture des cases en maternité, sociabilisation dès le post-sevrage – l’élevage a enregistré une meilleure croissance avec un gain moyen de 1 kg à 33 j, mais aussi un taux d’arthrite passé de 13 à 2 %. En 2019, un autre essai a été mené sur 24 portées dans un élevage de 700 truies. La sociabilisation des porcelets, sevrés à 28 jours, a conduit à une augmentation du nombre de sevrés par portée : 14,6 contre 14. Au total, 18 éleveurs ont accepté de se soumettre aux tests de sociabilisation. Parmi l’échantillon, seuls deux ont arrêté l’expérience parce que les éleveurs et les vétérinaires n’ont pas réussi à définir d’objectif commun. Ces différents tests ont par ailleurs montré que la sociabilisation n’augmentait pas la circulation virale. Dominique Marchand a rappelé l’importance « d’acquérir une méthode appliquée par l’ensemble des intervenants de l’élevage » pour éditer son arbre décisionnel, un outil permettant de déterminer si un animal de rente en souffrance peut encore être sauvé.