Le coût énergétique de l’élevage de porcs n’a pas bougé, a-t-elle souligné en faisant référence à la situation de 2010 : l’énergie représente toujours 3 % des charges des exploitations, dont 70 à 75 % pour l’électricité. Si le ratio demeure inchangé, un éleveur naisseur-engraisseur dépensait alors 70 € par truie par an, contre 246 à 440 € aujourd’hui : « Pour un cheptel de 300 truies, un éleveur fafeur disposant d’une station de traitement du lisier voit sa facture énergétique s’élever à 180 000 € par an », chiffre Dorothée Desson, pour une moyenne de 985 kWh / truie / an.
Elle insiste sur le chauffage en post-sevrage « qui pèse sur la facture » et la ventilation en engraissement « qui tourne toute l’année et à 100 % en été ». Se rapportant à des études de l’Ifip remontant à la fin des années 90, Dorothée Desson recommande 28 à 29 °C en début de post-sevrage et 24 °C « été comme hiver » en engraissement.
En engraissement, la ventilation doit-être paramétrée avec minutie pour faire face aux amplitudes thermiques : « Les animaux confrontés à un différentiel de plus de 4,5 °C dans une journée sont dans l’inconfort, ils peuvent devenir agressifs et souffrir de problèmes respiratoires ». Concernant l’humidité, elle préconise de la maintenir en deçà de 75 %.
L’achat d’un panneau photovoltaïque ? Seulement en dernier « recours »
En gestantes, ses recommandations sont « un minimum de 18 °C en hiver et des sols secs. Une température idéale de 20 °C. Pour chaque degré inférieur à 20 °C en stalle individuelle, il faut augmenter la ration de 80 g par jour ». Dorothée Desson prévient : « Des truies qui doivent puiser dans leurs réserves auront des poids de portée plus faibles avec des porcelets nécessitant plus de chauffage à la naissance ». Autre point sensible du côté des porcelets : la température du nid. « Il doit-être chauffé à 39 °C jusqu’aux 2 jours suivant la mise-bas. Les porcelets écrasés sont majoritairement des porcelets qui ont eu froid ».
L’entretien des équipements et la préparation des salles apparaissent comme des leviers incontournables pour réaliser des économies. Ainsi, une salle doit être chauffée pendant le vide sanitaire pour assurer l’efficacité des désinfectants. Un ventilateur sale entraîne quant à lui « 40 % de consommation d’électricité en plus », affirme Dorothée Desson qui conclut ainsi : « Un éleveur n’a pas besoin d’investir 50 000 € dans un panneau photovoltaïque tant qu’il n’a pas optimisé ses outils et ses pratiques. Cet éventuel investissement intervient à la fin de la chaîne de réflexion ».
Retrouvez le Dossier énergie dans le numéro 575 de Porcmag (janvier-février).
1 : La technicienne a été invitée par le réseau Cristal dans le cadre du forum alterbiotique qui s’est tenu à Châteaugiron (35) le 17 janvier 2023.