Cooperl : le leader français du porc n’a pas échappé aux multiples crises
Si elle est parvenue à équilibrer son chiffre d’affaires d’une année sur l’autre, la Cooperl a réduit de plus de moitié son résultat consolidé entre 2020 et 2021. Emmanuel Commault (directeur) et Patrice Drillet (président) ont dressé leur bilan et celui d’une filière plongée dans une zone de fortes turbulences.
En 2021, le leadership de la Cooperl sur le porc n’a pas été remis en cause. Avec 5,6 millions de porcs élevés par 2 950 exploitations adhérentes et un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros la coopérative lamballaise présente des statistiques 2021 qu’aucun concurrent n’est en mesure de tutoyer. Mais son résultat consolidé de 19,5 millions d’euros cette année – qui s’élevait à 49 millions d’euros en 2020 –, témoigne des difficultés auxquelles la Cooperl fait face. Elle, comme les autres.
« L’année 2021 a été une année d’entrée dans la crise, constate Emmanuel Commault, directeur de Cooperl. La dernière bonne période pour les éleveurs a démarré à l’été 2019 quand le cheptel chinois a été victime de la fièvre porcine africaine ». Une FPA qui vient aujourd’hui s’ajouter aux préoccupations de la filière : « La France sera très probablement contaminée en 2023 » alors que la maladie s’est approchée à six kilomètres de notre frontière il y a quelques semaines.
La Cooperl craint un recul de 10 à 30 % de la production porcine
Avant d’appréhender 2023, la Cooperl est revenue sur le contexte et notamment le conflit qui perdure en Ukraine. Pour Patrice Drillet, le président, « tout ce qui se passe dans l’Est de l’Europe ne facilite pas les analyses. Cette guerre entraîne de la spéculation. Le quotidien est invisible ».
Un quotidien traduit par des chiffres peu enviables : quatre éleveurs sur cinq déficitaires et une trésorerie négative en moyenne de 100 000 euros entre mai 2021 et mai 2022 pour un naisseur engraisseur de 250 truies adhérant à la Cooperl. Inquiet, Emmanuel Commault a estimé que la production porcine pourrait s’affaisser « de 10 à 30 % dans les deux à trois années à venir s’il n’y a pas une détente forte des matières premières et une hausse très forte du prix du porc ».
La transmission est également un sujet pris à bras-le-corps par la coopérative. Patrice Drillet a salué « la résilience » des éleveurs de porcs, contraints de se soumettre aux normes et d’investir continuellement en conséquence : « Les jeunes ne doivent pas partir avec un handicap ».
L’avenir, la Cooperl s’y projette à travers sa démarche Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) « Cooperl 2030 ». Celle qui se présente comme le leader mondial en nombre de porcs produits sans antibiotiques souhaite renforcer la culture sans pesticides — 770 hectares convertis en 2021 —, repenser les bâtiments Label Rouge pour respecter l’environnement et le bien-être animal, mais aussi développer les élevages certifiés HVE (Haute valeur environnementale).