Inaporc fait bloc face à une situation de crise inédite

28 juillet 2022 - Mathilde Brion

Alors que les difficultés économiques pourraient bien faire disparaître 10 % des élevages français, l’interprofession a présenté son plan d’action lors de son assemblée générale, le 7 juillet dernier.

©Mathilde Brion

Après la chute des exportations et la flambée du coût de l’alimentation, c’est au tour de de la fièvre porcine africaine de mettre un coup de pression supplémentaire sur la filière. Alors que les difficultés économiques pourraient bien faire disparaître 10 % des élevages français, l’interprofession a présenté son plan d’action lors de son assemblée générale.

La  loi des séries

La filière porcine doit effectivement faire face à une loi des séries sans précédent. Même si l’interprofession a tenu à saluer la réactivité des pouvoirs publics pour le versement des 350 millions d’euros d’aides destinées à couvrir les pertes du premier semestre 2022, cette somme n’a pas suffi à enrayer la crise. Bien plus rapide que prévue, la relance de la production chinoise après son épisode de fièvre porcine a pris les marchés européens par surprise en provoquant un effondrement des exportations et une surproduction. En parallèle, la guerre en Ukraine a engendré une flambée du cours des matières premières. Estimée à 37 % sur l’année 2022, la hausse du prix de l’aliment qui représente 70 % des coûts de production du porc porte à elle seule un coup dur à la filière. L’accumulation de ces facteurs n’a pas permis aux éleveurs d’atteindre le seuil de rentabilité depuis près d’un an, ce qui menace directement la pérennité de 10 % des élevages. Même si des signes de reprise sont observés depuis quelques semaines, la prudence reste de mise dans un contexte économique résolument imprévisible.

Le porc reste une valeur sûre

Heureusement, le porc est toujours la viande préférée des français. Bien que la consommation ait été boudée à domicile sur les 12 derniers mois avec une diminution en volume de 10,7 % en viande fraîche et 8,8 % en charcuterie, elle enregistre néanmoins une hausse globale de 2,5 % grâce à la reprise de la restauration hors domicile. La production reste également autosuffisante à 106 %. Pour Inaporc, le premier challenge est déjà de traverser la crise en conservant cette autosuffisance qui est un atout majeur pour construire son avenir.

Indispensable revalorisation des prix

Bien que l’interprofession tienne à ce que la viande de porc reste la plus accessible du marché, une revalorisation des prix payés aux éleveurs est aujourd’hui indispensable afin d’assurer l’équilibre de la filière. Mais cette revalorisation doit également être appliquée à l’ensemble des entreprises de l’aval qui sont également très impactées par la hausse des coûts de production. Pour l’instant épargnée par la fièvre porcine, la France a la chance de pouvoir encore compter sur ses débouchés à l’exportation qui concernent 30 % de la production.

La charcuterie en ligne de mire

Alors que 75 % de la valorisation de la viande de porc est faite en charcuterie, Inaporc a rappelé l’importance de protéger le secteur de la transformation. Touchées de plein fouet par la hausse des intrants comme l’énergie, le transport et les emballages, 40 % des entreprises de charcuterie commercialisent aujourd’hui des produits à des tarifs qui ne couvrent plus leurs coûts de production et 25 % d’entre elles pourraient être contraintes de réduire leurs effectifs en 2022. Publiée dans le journal officiel du 30 juin dernier, l’interdiction de l’utilisation des dénominations de la charcuterie traditionnelle sur les substituts végétaux constitue déjà une avancée majeure qui entrera en vigueur le 1er octobre prochain. Cette mesure était d’ailleurs attendue par 68 % des français pour qui ces produits gardent un ancrage culturel très fort (sondage CSA).

Par ailleurs, l’interprofession va continuer à travailler sur le développement de son logo Le Porc Français en renforçant sa visibilité dans la restauration hors domicile mais aussi en entamant une réflexion autour d’une démarche RSE.

Légende : Représentée par sa directrice Anne Richard, son président Thierry Meyer et son vice-président François Valy, l’équipe d’Inaporc a présenté son bilan annuel aux médias avec l’appui des éleveurs Sébastien Rigal et Alexis Pugliese.
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