« Bien que la Bretagne reste une région agricole forte avec un chiffre d’affaires en augmentation de 5,7 % en 2021 et un record d’exportation s’élevant à 4,7 milliards de chiffre d’affaires, elle le doit beaucoup à la dynamique de la filière et au plan de relance des pouvoirs publics » explique André Sergent, président de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne.
La filière porcine est particulièrement touchée par cette 3e année de crise consécutive.
Ces bons résultats ne doivent donc pas occulter une réalité de terrain mise sous pression par la succession de crises sanitaires, climatiques et géopolitiques qui ont ouvert la voie à un contexte inflationniste généralisé.
Des coûts de production en hausse
L’élevage de porcs est une des filières les plus impactées par cette hausse des prix. L’alimentation animale a ainsi flambé de 13% en un an pour atteindre les 280 euros/tonne, ce qui a provoqué un emballement des coûts de production particulièrement marqué à partir de juin 2021. Le prix moyen de la carcasse bretonne s’est toutefois maintenu à 1,33 euros/kg, ce qui marque une baisse de 3,5 % par rapport à 2019 tout en restant dans la moyenne quinquennale. La diminution des importations chinoises liée à la reconstitution de son cheptel après l’épidémie de fièvre porcine africaine engendre toutefois un reflux continu des cours sur toute la période. Cela pourrait d’ailleurs s’accentuer si l’épidémie touchait la France.
La filière doit rester mobilisée
Le premier défi de l’année 2022 sera de composer avec les prix de l’alimentation qui n’ont pas prévu de baisser, d’autant plus que la guerre russo-ukrainienne rajoute de la pression sur ce marché. En parallèle, des solutions doivent être trouvées pour amortir les surcoûts engendrés par l’arrêt de la castration à vif. Si le plan d’urgence de 275 millions d’euros lancé par l’état au début de l’année 2022 devrait amortir en partie la crise, la filière bretonne souhaite également tirer son épingle du jeu dans la stratégie de renforcement du pouvoir de marché des éleveurs. Lancée en 2021, l’AOP Grand Ouest représentant plus de 50 % de la production française devrait donner une visibilité supplémentaire à la filière et renforcer les dispositions de la loi Egalim2.
Un modèle à repenser
Selon André Sergent, l’ensemble des filières agricoles doivent désormais se préparer à devenir plus autonomes pour faire face à la problématique énergétique et aux perspectives de pénuries. « La filière d’élevage bretonne pourra déjà tirer son épingle du jeu sur la question de la flambée du prix des engrais grâce à sa manne d’engrais naturels. La chambre d’agriculture a d’ailleurs sollicité les pouvoirs publics afin de réévaluer l’utilisation de ces engrais organiques sur son territoire » précise-t-il. Un premier pas certes, mais comme l’a rappelé le spécialiste, il ne faut pas perdre de vue qu’une réorganisation de l’agriculture prendra nécessairement du temps.