Le débat autour d’ATM Porc et de la mise en place d’une « cotisation volontaire obligatoire (CVO) » à partir de janvier 2022 continue de faire rage. Le 5 octobre, Cooperl confiait au journal Ouest France son intention de publier, le 7 octobre dans plusieurs journaux quotidiens, une seconde lettre (à retrouver à la fin de cet article) à l’attention du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Dans celle-ci, la coopérative insiste auprès de Julien Denormandie pour qu’il refuse de transformer la cotisation « équarrissage » volontaire en contribution obligatoire, tel que le souhaite Inaporc.
Valoriser les graisses porcines en biocarburants
« Nous avons déjà investi plus de 300 millions d’euros dans nos activités environnementales pour produire de l’énergie, du biocarburant et des fertilisants organiques à partir des coproduits de nos activités. Aujourd’hui, Cooperl peut aussi valoriser sous forme de biocarburants les graisses issues des animaux qui meurent accidentellement en élevage ; ceci en lien étroit avec les éleveurs de la coopérative qui ont élevé et sont propriétaires de ces animaux », écrit-elle. Ainsi, la coopérative souhaite développer son propre système d’équarrissage en négociant directement avec les équarrisseurs et assure un service équivalent à ses éleveurs. Le carburant vert non soumis à la taxe carbone ainsi produit servirait pour la flotte de camions de Cooperl et une usine serait en construction pour le fabriquer à grande échelle à horizon 2023. « Pourtant, nous sommes menacés de devoir abandonner ce beau projet, très novateur, pour la seule raison que l’interprofession de la filière porcine le refuse et préfère, encore une fois, s’en tenir sur le sujet à une ligne désespérément conservatrice », s’indigne la coopérative dans sa lettre.
Après avoir été « précurseur » sur la thématique du bien-être animal en permettant à ses adhérents de ne plus castrer leurs porcs mâles dès 2012, Cooperl affirme que son « combat est aujourd’hui celui de la décarbonation de [sa] production ». Et de conclure : « En refusant d’étendre cette CVO, vous soutiendrez notre initiative et contribuerez ainsi à l’innovation et au progrès réel au sein de notre filière. C’est ce que les éleveurs attendent de vous, dans le contexte d’une nouvelle crise économique sectorielle qui s’annonce brutale. »
Inaporc contre-attaque
La réponse d’Inaporc suite à la lecture de l’article publié par Ouest France le 5 octobre ne s’est pas faite attendre. En effet, dans un communiqué reçu le 6 octobre, l’interprofession a tenu à rappeler que « la bonne gestion collective de l’équarrissage est le garant du maintien d’une politique sanitaire la plus sécurisée possible portée par tous les acteurs de la filière porcine française ». Par ailleurs, elle indique que « devant le nombre limité d’acteurs de l’équarrissage, la négociation d’une seule voix au nom des éleveurs de toutes espèces permet de peser dans une négociation où tous les coûts sont évalués et toutes les voies de valorisation prises en compte. Notons que la valorisation des graisses en biocarburants est prise en compte dans ce cadre. […] Les ATM ont toujours été ouverts à l’intégration de projets collectifs innovants permettant de faire baisser les coûts et de développer des actions vertueuses pour l’environnement ».
De son côté, la section Porcs de la Coordination Rurale n’en démord pas et profite de la remise en avant de ce sujet pour demander à nouveau « à avoir accès aux comptes d’ATM Porc pour espérer restaurer la confiance des éleveurs, aujourd’hui mise à mal ».
Tous les regards se portent dorénavant sur la décision que prendra le Ministre.
Lettre ouverte du 07/10/2021 de Cooperl au Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation