« L’Italie comptabilise trois foyers différents de peste porcine africaine, a rappelé Jeff Trébaol, premier vice-président de la FNP, lors de l’assemblée générale de celle-ci le 10 juin dernier. Les premiers datent du 5 janvier se situant dans le Piémont et en Ligurie. 143 sangliers ont été trouvés morts positifs à la PPA à fin mai sur une zone entre deux autoroutes allant de Gênes à Milan. 19 cas se trouvent au-delà de l’autoroute en direction de la France dont le plus proche à 70 km de la frontière. La zone infectée, entre les deux autoroutes, a fait l’objet d’un premier rideau de protection grillagé pour contenir les sangliers. Un deuxième rideau grillagé a été installé en début d’été pour englober la totalité de la zone infectée sur le côté ouest, une zone sensible pour la France. »
Clôtures inefficaces
Ces deux rangs de clôtures grillagées étaient sensés couper les corridors écologiques identifiés par l’OFB (office français de la biodiversité). Par ces corridors écologiques les sangliers peuvent rejoindre les frontières françaises depuis la zone infectée. En période hivernale les sangliers ne se déplacent pas beaucoup mais en période estivale, ils étaient susceptibles de se rapprocher de la frontière française.
Et en effet, ce second rideau de clôture a été franchi en août, ainsi que l’a rapporté La Coopération animale - Pôle animal dans sa Lettre sanitaire du 25/08/2022, avec la détection d’un cas à 500 m à l’ouest du 2e rideau de clôtures et à 3,3 km de la limite de la zone infectée
La deuxième zone d’infection italienne concerne Rome avec 22 cas de PPA à l’ouest du Tibre, dont deux proches d’une zone forestière, et un cas positif à 66 km de Rome.
Une contamination d'origine humaine
Un autre foyer, en Allemagne, inquiète également la filière française avec la présence de PPA dans un élevage plein air clôturé de 35 animaux, à 6 km de la frontière française près de Colmar. « L’Allemagne n’a pas détecté actuellement de cas dans la faune sauvage à proximité de l’exploitation. Le Rhin fait office de frontière naturelle que les sangliers peuvent traverser. N’oublions pas que sur le fleuve se situe une réserve naturelle française accessible aux sangliers qui pourrait ôter le caractère indemne à la France » prévient Jeff Trébaol. La détection de PPA sur l’exploitation a été mise en relation avec la présence de 140 travailleurs détachés venus des pays de l’Est pour le ramassage des asperges et des fraises.
Même explication avancée par l’Italie avec une main d’œuvre importante originaire des pays de l’Est pour le ramassage des fruits dans le Piémont, des petites boutiques tenues par des Roumains avec potentiellement l’importation de viandes contaminées (+ de 1 300 élevages positifs en Roumanie). « Nous avons récupéré des photos prises à Rome sur lesquelles des sangliers se promènent près de poubelles, dans les parcs, nourris par la population. Les cultures sont piétinées provoquant la colère des agriculteurs qui ont demandé à leur gouvernement de mettre en place un plan de dépeuplement des sangliers », souligne-t-il.
Plan de gestion de la faune sauvage
L’Europe a demandé à ses pays ressortissants de mettre en place des plans de gestion de la faune sauvage dans les plus brefs délais. Dès septembre-octobre, la France devra présenter un plan de gestion de la faune sauvage qui devra être validé par Bruxelles. « Nous avons besoin de dépeupler très fortement le nombre de sangliers sur l’ensemble du territoire national. La génétique chez le sanglier a également évolué avec une laie qui peut mettre bas jusqu’à huit marcassins. La présence de sangliers en France n’est pas foncièrement prise en compte, c’est compliqué de demander à la DGAL de mettre en place des plans de réduction », précise-t-il.
Biosécurité en élevage
Concernant les mesures de biosécurité qui doivent être mises en place dans les exploitations, Jeff Trébaol note que si Bretagne, 80 % des exploitations ont été audités en biosécurité, ce n’est pas le cas dans d’autres régions. « Un élevage touché par la PPA qui n’est pas aux normes biosécurité ne pourra pas prétendre aux indemnisations si la DGAL ordonne l’abattage des animaux. »