Produire et distribuer malgré tout. C’est la volonté affichée par tous les groupements de producteurs, les différents ministères impliqués, les syndicats… et on ne compte plus les communiqués qui affirment la décision d’assurer la continuité dans le fonctionnement des filières. Une détermination d’autant plus affirmée que la mise entre parenthèses des activités dévolues à la RHD, ainsi que la panique suscitée par les mesures de confinement, ont dopé la demande en GMS et que la fermeture de certaines frontières a renforcé le besoin de produits issus de l’hexagone.
Dans une allocution du 23 mars, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, a souligné le fait que l’activité agricole devait « être considérée comme prioritaire », y compris les opérateurs de l’amont et de l’aval. Elle a notamment insisté sur la nécessité de maintenir les transports. Un point de vue partagé par Culture Viande, qui insiste sur le fait que si cela concerne logiquement les livraisons d’aliments et les transports vers l’abattoir, « il ne faut pas oublier l’équarrissage ou les livraisons d’emballages ». Parallèlement, les opérateurs de l’amont (syndicats de vétérinaires, Cuma, Adivalor, Union française des semences…), réunis en audioconférence le 20 mars, ont exprimé une décision commune de maintenir leurs services.
Récolter et vendre
Concernant la main-d’œuvre, Christiane Lambert a souligné le fait que la fermeture des frontières interdisait le recrutement des travailleurs détachés. Or, les abattoirs ont besoin d’ouvriers et les maraîchers voient arriver la période de récolte des primeurs, pour laquelle ils embauchent habituellement des saisonniers. Pour permettre ici aussi le maintien de l’activité et l’embauche des 200 000 saisonniers nécessaires, les ministères de l’économie, du travail et de l’agriculture, en partenariat avec Pôle emploi et l’Anefa, ont mis en place un dispositif permettant l’embauche de saisonniers, y compris parmi les salariés de professions non agricoles qui se trouvent actuellement au chômage technique. Une plateforme internet a été créée pour faciliter la mise en relation entre candidats et employeurs. Il est en outre temporairement autorisé de cumuler les salaires gagnés de cette manière avec l’allocation de chômage partiel.
Pour que la vente soit, par ailleurs, assurée, la totalité des syndicats agricoles, les chambres d’agriculture, ainsi que le ministre Didier Guillaume ont plaidé pour que les marchés de plein air restent en activité. La FNSEA vient d’ailleurs de publier un « guide des bonnes pratiques » pour permettre aux marchés de se tenir, tout en assurant la sécurité des clients et des vendeurs. « Nous comprenons les gestes barrières mais nous ne comprendrions pas que l’on fige totalement l’activité », a déclaré Christiane Lambert.
Enfin, au cours d’une réunion exceptionnelle du Conseil des ministres européens de l'agriculture le 25 mars, le ministre Didier Guillaume a réclamé « une réponse d'ampleur, rapide et concertée au niveau européen afin de préserver le revenu des agriculteurs. » Il a également défendu « la nécessaire et urgente adaptation des règles de la PAC, notamment celles relatives aux aides du premier et du second pilier, pour tenir compte de la situation créée par le confinement et pour permettre un paiement le plus rapide possible aux agriculteurs. »